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Troisième cybercabane, pas une démo cette fois, mais un projet de collaboration, une conversation à distance avec une amie, dans laquelle nous échangeons sur des sujets intimes, politiques, sur le féminisme ou sur des questions de société. La partie "privée" de ces échanges a été effacée, pour ne garder que la substance réflexive, les références à se partager. La sélection du texte permet de révéler des éléments de contexte, sans quoi seuls les médias et liens apparaissent. Une cybercabane évolutive donc, à suivre !
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The Legend of Zelda: Breath of the Wild en mode confinement. Le masque est un objet phare dans la saga ! Un bug du jeu ; le voile (et non le masque) de Link flotte, comme porté par une brise permanente. La tenue que revêt le personnage est censée l'infiltrer incognito dans la forteresse Gerudo, dirigée exclusivement par des Vaïs (femmes) et interdite aux Voïs (hommes). Malgré la suspension continuelle du tissu, le subterfuge prend ! Vu dans l'anime Sailor Moon, épisode #21 : Usagi's Joy: A Love Letter from Tuxedo Mask, 1995. Ici Sailor Mars (aka Rei Hino), qui porte un masque chirurgical en mission car elle se trouve souffrante. Vu dans La Colline aux Coquelicots de Goro Miyazaki, 2012. Session de nettoyage du Quartier Latin, un foyer étudiant. Vu dans Le Miracle du Saint Inconnu (une pépite !) de Alaa Eddine Aljem, 2020. Le médecin du village s'apprête à sauver le chien du garde du mausolé, qui a été percuté par un véhicule. Vu dans l'épisode 1, saison 1, de la série Upload (2020) créée par Greg Daniels. Scène d'ouverture dans le métro à New-York. Une série intéressante, qui pose comme paradigme de base la possibilité d'importer sa conscience dans un monde virtuel après sa mort. Elle exploite le fantasme de la vie éternelle à travers le mythe technologique. The Morning Show de Kerry Ehrin (2019), épisode 6, Le vent tourne, où Claire (Bel Powley), assistante audacieuse d'une major de la matinale télé américaine, distribue des masques dont le port est obligatoire sur le site où ils se trouvent. L'équipe de tournage couvre les ravages de violents incendies en Californie. Vu dans un épisode de Brooklyn nine-nine de Dan Goor et Michael Schur (2013). Idem. -
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Victoire Tuaillon, dans son émission Les couilles sur la table, épisode #58, produite par Binge Audio, reçoit Isabelle Collet, informaticienne, enseignante-chercheuse à l’université de Genève, et autrice de Les oubliées du numérique (Le Passeur, 2019).
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Parution d'une deuxième cybercabane cette semaine, autour de la transformation de l'héroïne de l'anime japonais Sailor Moon ! Simple transformation css VS animation originale. Attention, mieux vaut consulter la page sur son ordinateur plutôt que sur son smartphone ou sa tablette ! L'animation en css se focalise sur les effets et non la plastique du personnage, d'où le choix d'utiliser une "div" brute. Comme je l'ai dit dans un précédent billet, je suis entrain d'écrire sur les rapports entre corps, pouvoir et technologie, plus spécifiquement dans la fiction et le jeu vidéo, avec un focus particulier sur les magical girls. Cette page constitue donc un premier élan vers la thématique. Hommage à toutes les Sailors que je connais (et il y en a plein) ! -
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Ah la journée internationale du droit des femmes, elle suscite d’année en année un engouement de plus en plus fort : les femmes, il est vrai, sont plus invitées des plateaux télés, des conférences, elles sont un peu plus représentées dans l’espace médiatique, le temps d’une journée, ou d’une semaine maintenant. Cependant, les contestations des revendications féministes vont aussi de plus belles et nous montrent, encore, que les manifestations, coups de gueule et prises de pouvoir spontanées sont plus que nécessaires. La beauté de l’édition de cette année est qu’elle coïncide peut-être avec la ratification de la convention d’Istanbul, une avancée du droit des femmes à l’échelle européenne, il paraît. J’ai assisté à une conférence intitulée « Que peut l’Europe pour les femmes ? » le 04 mars 2020 à la BNU de Strasbourg, qui présente en partie les innovations en matière d’égalité qu’elle préconise. Vous trouverez ici un tour d’horizon de mes notes.
Petit bémol toutefois sur l’introduction de la conférence, octroyée à un homme, qui donne ensuite le relais aux expertes… et sur l’attribution des rôles dans le duo étudiant Sciences Po qui animait le débat, la jeune femme se contentant de présenter les intervenantes et de distribuer les temps de parole, alors que les questions pertinentes étaient convenablement posées par le jeune homme…À voir, le documentaire Arte sidérant que je cite dans mes notes : Avortement, les Croisés Contre-Attaquent accessible en deux parties sur Dailymotion : https://www.dailymotion.com/video/x6ic7g3.
Image : Arte.J’ai eu l’occasion cette semaine encore d’apprécier les inscriptions de rue sur Polanski — césar de la Honte — la justice se fait attendre, comme l’approbation silencieuse de ses derniers défenseurs (l’industrie du cinéma surtout, qui devrait être inquiétée et faire figure basse après la condamnation exemplaire de Weinstein), pour que la voix revienne, légitimement, aux victimes. Je me réjouis aussi de la reprise massive du désormais hymne chilien contres les violences faites aux femmes ; Un violador en tu camino (Un violeur sur ton chemin), chorégraphie virale initiée par le collectif Lastesis, qui se fait une place dans les manifestations et jusqu’au parlement turc.
Image : FranceInter.Et je m’indigne enfin des charges policières bestiales et totalement injustifiées menées au soir du 07 mars 2020 à Paris, veille de la journée du droit des femmes, et contraires à toutes les revendications formulées lors de cette marche nocturne pacifiste, quand bien même l’horaire de présence avait été dépassé. C’est le combat de l’égalité qui se joue dans la rue à point c’est tout, et quiconque se met sur le chemin de ces femmes dans l’expression de leur colère se fait complice des violences dénoncées. C’est ainsi que j’entends le slogan « Flic, violeur, assassin !». Image : Libération. Enfin, plus légère comme référence, mais j’ai été agréablement surprise par une docusérie sur le sexe disponible sur la plateforme Netflix intitulée « Sex Explained». Chaque épisode relate d’un sujet comme les fantasmes ou la contraception, et déconstruit les mythes de genres, en surface vu la courte durée de chaque volet et avec un ton amusé, mais il y a un fond de véracité scientifique et surtout du bon sens. Quelques exemples, comme l’explication du lien entre désir et fertilité, où une spécialiste ironise sur le fait qu’il n’y a pas de lien avéré entre fertilité, poitrine généreuse et joli minois, sinon, plaisante-t-elle, il y aurait majoritairement sur terre des femmes arborant tant poitrines fortes que beaux visages. Il y avait encore ces diagrammes comparant l’impact de vidéos de rapports sexuels entre différents partenaires (hétérosexuels, homosexuels, animales !) sur le désir. Les groupes d’hommes hétéro étaient attirés de façon significative par les femmes, les hommes gays davantage par les hommes. Les femmes en revanche, étaient excitées par presque tout, et on relevait simplement que les femmes lesbiennes étaient plus séduites par le coït de bonobos que par le sexe en érection d'un homme musclé se pavanant sur la plage ! Image : Netflix. -
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Seules deux pièces ont attiré mon attention dans l’exposition Joyeuses Friction au Musée d’Art Moderne Contemporain de Strasbourg. Je me réjouissais du renouveau que j’attendais de cette exposition dans la collection du musée, mais j’ai été assez déçue face à ce énième recyclage de pièces, tout juste réagencées, selon une nouvelle scénographie (et en disant cela je ne veux en aucun cas minimiser le travail scénographique, sans doute colossal pour un espace comme celui-là) qui classe les œuvres par sections, et certes, confronte les époques, les styles, etc. mais pour quelqu’un comme moi, qui met très rarement les pieds au Musée d’Art Moderne, avoir l’impression d’avoir vu les mêmes pièces qu’il y a 10 ans, c’est fort ennuyeux… D’autant plus que l’autre exposition, Regard sur la scène indienne contemporaine, pleine de promesses dans le titre, n’a eu qu’un minuscule espace à investir (deux petites pièces), et quelques événements autour de la musique, de la danse et de la photographie, encore plus déceptif donc. J’ai néanmoins trouvé mon bonheur dans les livres, de quoi en prendre plein les mirettes.
Ci-dessus : Ange Leccia, La Mer, vidéo, 1991.Gilles Aillaud, Python, huile sur toile, 1975. Image : Éditions 2024 (ma photographie était floue :O). -
J'ai mis en ligne une cybercabane, a priori, première d'une longue série. Comme je l'ai indiqué dans un précédent article, j'aimerai réaliser une collection de pages web, sur le mode de la démo (un article à paraître, plus fourni et documenté sur la question de la démo, est en cours d'écriture), sans lien particulier entre-elles si ce n'est la liberté de ton ou le caractère expérimental. Ces pages bricolées se retrouveront néanmoins dans un même répertoire, que j'ai déjà initialisé sur mon serveur à l'adresse suivante : http://marjorieober.com/cybercabanes/.
Dans cet épisode, il s'agit d'un dialogue entre plusieurs boutons HTML qui dégénère. Voici le lien pour y accéder. À suivre, dans les prochaines publications : l'esthétique du tableau, des formulaires absurdes, une page hommage à l'anime Sailor Moon, un site "invisible", à imaginer, sur lequel on naviguerait avec un lecteur d'écran. Des textes aussi en prévision, accompagnant peut-être certaines mises en œuvre web ; un essai critique sur l'idée de « prendre soin », inhérente à l'intelligence féminine et à l'écologie sociale, un autre sur les Magical girls et le rapport du corps au pouvoir, ou encore sur la relation féminisme-technologie, en particulier l'émancipation des minorités, de et par la technologie. Bonne visite :)
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- Société
Le 22 février 2020 s’est tenu à la librairie Kléber de Strasbourg une discussion autour du livre Fessenheim et le dogme nucléaire français paru aux éditions Andersen en 2019, en compagnie de ses auteurs Jean-Marie Brom, Floriane Dupré, André Hatz, Jean-Paul Klée et (sans, je crois) Olivier Larizza. L’entrée en matière était lourde d’émotions puisque l’un des co-auteurs, Jean-Paul Klée, exprimait avec peine la fermeté à l’égard des militants anti-nucléaire, dont il fait parti et qui le menace directement d’une tentative judiciaire de psychiatrisation. Beaucoup de personnes du public n’ont pas compris son intervention et étaient ennuyées par ce discours sensible, pourtant poignant. Le temps de parole de cet honorable monsieur — illustre alsacien de la pensée contemporaine, activiste écologique, parfois en grande précarité par manque de soutien, notamment par son exclusion de l’Éducation nationale — s’est vu interrompu par ses confrères pour ne plus impatienter la foule qui attendait des réponses concrètes quant à l’arrêt effectif du premier réacteur de la centrale, dans la nuit du 21 au 22 février. Une pétition s’opposant à son internement injustifié circule silencieusement. Quelques applaudissements et encouragements surviendront tout de même en fin de conférence, après que les esprits aient été éclairés sur la réalité de la situation vécue par J.-P. Klée. La conversation reprend à peu près ainsi, les intervenants se partageant la parole au ressenti, si l’on se fie au déroulé de mes notes.
Ce rappel des motivations de la production et de l’implantation nucléaire en France, et en Alsace particulièrement, est suivie d’une démonstration sans appel, déconstruisant un à un les arguments pro, et levant le voile sur le ridicule de l’obstination politique en sa faveur. Mais mes frayeurs restent vives, quel futur annoncent le démantèlement, le traitement de la matière instable, et le réaménagement de ces sites morts ?
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Nous pour un moment est une pièce de théâtre que j'ai pu voir au Théâtre National de Strasbourg un mercredi soir de janvier. Sur une mise en scène très audacieuse et minimaliste de Stéphane Braunschweig, le texte d'Arne Lygre. Le style d'écriture qui m'a paru très particulier au départ (« Mince » dis-je, « C'est terrible » pensais-je, « Ah non !» dit-elle, etc.), participe grandement je trouve à la force de la pièce puisque chaque action n'est non pas éxécutée mais décrite, chaque contact, relaté. « Je passais mon bras par dessus ton épaule », sur quoi rien ne se passe, pas un geste, il n'y a que leurs mots et notre imagination. Ces sortes de didascalies non pas jouées mais scandées j'ai beaucoup aimé.
Et puis il y a le génie de la scène ; les acteurs se déplacent à la surface de l'eau (un bassin d'une trentaine de centimètres de profondeur a été aménagé pour le spectacle) et foulent la matière du pied, d'incéssants petits clapotis parviennent à nos oreilles. L'environnement sonore est donc constamment perturbé, sourd, avec les bruissements de l'eau.Un écran assemblé en deux pans perpendiculaires cloisonne l'espace et sert à introduire les personnages, mais toujours de manière anonyme (une amie, un confident, etc.). Un personnage entre en scène, et tous les autres figurants sont simplement situés par rapport à lui (relation à l'autre, lien de parenté ou non). Les acteurs au nombre de six ou sept interprètent quasiment une vingtaine de rôles. J'ai trouvé génial, grâce à ce choix d'écran qui forme un angle, que lorsqu'un artiste joue deux personnages, son ombre se dédouble par les pures lois de la physique sur les deux écrans à la fois. Et le reflet dû à l'eau bien entendu exprime le double tout du long de la pièce. Grandiose.
Images de la pièce : photographies officielles du TNS (galerie), par Elisabeth Carecchio.Séjour dans les Monts Fuchun est une œuvre cinématographique que je recommande vivement pour sa beauté, et pour le temps qu'elle a fait perdre à mes idées, toujours si pressantes. Ce film est une invitation a prendre le temps ; 2h30 d'images.
L'histoire se "déroule" véritablement, comme les rivières et fleuves adjacents, ou le rouleau de papier qui se déploie à l'horizontale dans la peinture traditionnelle chinoise. Si le temps et les saisons restent le personnage principal du film selon son réalisateur Gu Xiaogang, la caméra porte son attention sur une famille modeste prise entre tradition et modernité, la ville de Fuyang où prend place le récit subissant une industrialisation et des aménagements colossaux depuis les JO de 2008.
La promesse du film est aussi d'en proposer deux autres, une trilogie, trois volets, comme les panneaux d'un triptyque, et la comparaison avec le champ du pictural n'est pas anodine puisque Xiaogang a choisi son titre en référence à une célèbre estampe de 33m du même nom que son film, signée de l'artiste Huang Gongwang, un peintre vénéré de la dynastie Yuan, en 1350. Divisée en deux fragments par le feu, la plus grande partie du rouleau est conservée au musée national du palais de Taipei tandis que l'autre, aux proportions beaucoup plus réduites, est abritée dans une ville voisine de Fuyang, Hangzhou, au musée régional du Zhejiang. L'un des personnages du film, jeune professeur, porte justement sa thèse sur la peinture shanshui (montagne et eau) et envisage d'aller voir la pièce exposée à Hangzhou.
Le jeu entre déroulé pictural et déroulé narratif est fascinant, Gu Xiaogang dépeint un quotidien comme Huang Gongwang peignait le paysage : prenez l'un des plans séquence d'une traversée à la nage de presque 20 minutes et le travelling lent et minutieux le long de la dite peinture. Tout est dit, et avec tant d'efficacité. Hymne à la nature, fragilité et complexité des relations, des passions humaines, crises sociales, sont autant de thèmes abordés dans ce film.
Affiche et images ci-dessous empruntées au site Allociné.L'œuvre de Gongwang numérisée (avec un zoom assez appréciable) sur Wikimedia Commons. -
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- Société
Vous avez sans doute entendu parler du Rojava, cette région autonome au nord de la Syrie tenue par les Kurdes. Elle est autonome mais aussi autogérée, possède une autoadministration, une démocratie directe qui mène une politique d'écologie sociale, de libération de la femme et de pluralisme (plusieurs langues sont reconnues comme officielles et les droits des minorités sont au cœur de cette restructuration). Encore mieux, le pouvoir est détenu entre quatre mains, celles d'un homme et d'une femme, qui gouvernent de concert. Ce mercredi 22 janvier, il y avait une vidéoprojection suivi d'une discussion à ce sujet sur le campus universitaire de Strasbourg, salle Misha. Deux membres de l'association Zin pour les femmes venaient expliquer la cause kurde, et particulièrement cette révolution permise par les femmes.
Visuel : https://strasbourgfurieuse.demosphere.net/rv/1888Le documentaire diffusé en question ; Kurdistan, la guerre des filles par Mylène Sauloy (2016), disponible sur Arte juqu'au 27 avril 2020. Les Kurdes exigent la libération de leur dirigeant légitime, Öcalan, fondateur du PKK, le parti travailliste kurde, aujourd'hui considéré comme une organisation terroriste par bon nombre de membres de la communauté internationale, dont la France. Le drapeau kurde est interdit en Allemagne à titre d'exemple. Des marches de soutien ont lieu régulièrement pour dénoncer cet emprisonnement, perçu comme une coalition entre états du nord (États-Unis, Russie par exemple) et états puissants du Moyen-Orient (comme la Turquie), qui s'évertuent à criminaliser la rébellion kurde, les oppresseurs jouent les oppressés, sur fond d'accords coloniaux... Et quand on sait que les aspirations kurdes aujourd'hui, en dehors de la revendication d'un statut et d'une nouvelle constitution, visent à détruire conjointement le patriarcat et le capitalisme (potentiellement interdépendants l'un de l'autre), on comprend bien pourquoi, pour quels enjeux de pouvoir iels sont terrassé.e.s.
Aux côtés de forces paramilitaires féminines, le spectateur traverse le Mont Quandil en Irak, une zone contrôlée par le Rojava, et y voit des cours d'Histoire et de féminisme donnés à des hommes par des femmes, armes d'assaut à la main. Non pas que les hommes étudient sous contrainte ou sous l'exercice d'une quelconque menace, ils viennent d'eux-mêmes pour se refaire une éducation, pour se déradicaliser de la domination masculine. Les femmes ont pris les armes pour protéger leurs consœurs des viols récurrents, où la mort en se jettant dans un fleuve est préférable au déshonneur du viol (et à la vie de femme à répudiée qui s'en suit). Mais elles ont aussi pris les armes pour se battre aux côtés des hommes et défendre la population, prise à sac entre l'État Islamique et les milices turques d'Erdoğan qui viennent souvent sur leurs terres pour sévir. Elles sont désormais à la fois craintes et respectées. Et elles sont à l'instar des hommes, des martyres quelques fois. J'ai noté le nom d'Arin Mirkan, combattante d'une unité de protection populaire devenue célébrité locale pour s'être sacrifiée dans la bataille de Kobané, et qui a grandement contribué à ce que le Rojava en sorte vainqueur face à Daech. Les femmes ont maintenant le droit de mourir pour leur pays, de faire preuve de courage, d'être des héroïnes. « We don't need another hero » chantait Tina Turner déjà.
Si le rappel historique du Kurdistan, en particulier l'histoire de la résistance kurde, est très sain pour rafraîchir nos mémoires corrompues, le film montre surtout que l'avenir de l'humanité, s'il donne l'espoir qu'il est peut-être entre les mains de femmes, est certainement ailleurs qu'en Europe ! Nous qui nous autorisons un regard très critique quant à la condition féminine au Moyen-Orient, nous voyons aussi qu'en tête des cortèges de manifestants kurdes, il y a les manifestantes. Au même titre que le Pink bloc. Mais c'est encore une fois une place qui se prend, pas que l'on nous donne. Que faut-il retenir alors de l'initiative de ces femmes qui ont repris le pouvoir armes à la main ? Certes la situation de guerre dans cette région du monde en dit long sur la nécessité de la protection armée, mais encore. Virginie Despentes se posait la question dans King Kong Theorie, je ne me souviens plus de la formulation exacte, mais c'était quelque chose comme « peut-être que les femmes arrêterons de se faire agresser quand elles se baladeront avec un cutter dans la poche », dans un épisode de l'émission Les couilles sur la table aux côtés de Victoire Tuaillon, elle déclare encore qu'« aller porter plainte chez les flics, c'est un peu comme aller voir papa, y a un truc qui va pas » (citation approximative). Assez vrai je trouve. Et les femmes du Rojava l'ont bien compris, il faut des villages de femmes pour traiter des problèmes inhérents à la gente féminine, sans ingérence masculine aucune. La camarade Sakine, une fondatrice du PKK, sauvagement assassinée à Paris en 2013 (un acte probablement commandité par la Turquie qui a suscité un grand émoi), les femmes de Dersim engagées en politique, toutes sont autant de modèles auxquels s'identifier. Jeunes filles, soyez plus libres que vos aînées, « femme, vie, liberté ». Pour l'émancipation féminine, mais aussi pour celle du peuple, la question de la prise d'armes se pose, quand l'État ne répond plus de rien. La violence est-elle légitime, nécéssaire alors ? Le débat public s'en empare, voyons ce qu'il adviendra de cette problématisation.